Procès violences policières

Procès violences policières

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Un procès s’est tenu au palais de justice de Bruxelles les 9 et 10 janvier 2025, concernant les violences policières survenues lors de la manifestation contre la justice de classe en 2021.

Le Front de Mères a assisté à ce procès où onze plaignants, dénonçant des arrestations arbitraires et des mauvais traitements, ont mis en cause la police bruxelloise, le bourgmestre Close, et l’État belge.

Le 24 janvier 2021, lors d’une manifestation contre « la justice de classe et la police raciste » à Bruxelles, 232 personnes, dont 86 mineurs, ont été arrêtées. La Zone de police a justifié ces arrestations collectives en affirmant qu’elles visaient des « profils casseurs » et en invitant « les bien-pensants à rentrer chez eux ». Ces ordres, associés à des signalements radiophoniques mentionnant des « groupes de jeunes NA » (Nord-africains), s’inscrivent dans une problématique de profilage ethnique (Arthur Sente, journaliste au pôle Enquêtes, « Les principes d’arrestation de masse et de profilage ethnique face à la justice », Le Soir).

Parmi les plaignants, Salim, 15 ans, a été arrêté alors qu’il courait avec un ami, ignorant qu’il y avait une manifestation. Un policier lui a dit qu’il était « au mauvais endroit, au mauvais moment » et qu’il correspondait au « mauvais profil ». Malgré son absence d’implication, il a été qualifié de « dangereux » par l’avocat de la police, dans une référence douteuse à l’assassinat de Samuel Paty en France quelques mois plus tôt.

Les personnes arrêtées ont été conduites aux casernes d’Etterbeek où elles ont subi des conditions de détention inhumaines : cellules surpeuplées, absence de chauffage et violences physiques.

Salim a témoigné :

Ça continuait à crier dans la cellule. Je m’étais levé pour me dégourdir les jambes. Les policiers sont revenus, ils ont dit « baisse les yeux ».

J’étais entretemps retourné m’assoir mais ils m’ont demandé de me lever puis m’ont poussé au sol et environ 4 policiers m’ont donné des coups un peu partout (tibias, fesses, jambes,…). Ils m’ont sorti de la cellule en me tenant par la nuque et en me cognant volontairement contre les murs. Plusieurs policiers ont vu la scène et ont pu entendre que je répétais que je n’avais rien fait. Une policière a répondu « ouais c’est ça » et m’a donné un coup de pied au tibia. J’entendais des insultes comme « macaque » et « fils de pute».

Ils m’ont poussé dans une cellule sans lumière où il y avait d’autres détenus. J’avais perdu mon masque et un policier l’a ramassé et me l’a rendu en le jetant par terre. Je me suis rendu compte que les policiers avait aussi cassé ma chaîne et que j’avais perdu mon bonnet. Je tremblais, j’avais mal, j’avais peur, je ne comprenais cette situation et ce qu’il allait encore m’arriver de plus.

Environ 15 minutes plus tard, ils m’ont fait sortir de la cellule, m’ont rendu mes affaires mais pas mon bonnet et m’ont conduit à mon père. Je pense qu’il était environ 20h30 quand la police m’a libéré.

Mon père avait pu retrouver ma localisation sur Snapchat (la police n’avait contacté, ni mon père, ni ma mère pour les avertir de mon arrestation). Mon père était arrivé à la caserne vers 19h et on lui a confirmé j’étais bien là, que j’allais bientôt sortir, qu’il n’y avait pas de problème et que ce n’était qu’une simple arrestation administrative.

Malgré ces témoignages accablants, la Zone de police et le bourgmestre ont plaidé au procès que tout s’était déroulé normalement, parlant d’arrestations administratives « ordinaires ». Toutefois, certains policiers présents avaient dénoncé les violences infligées, qualifiées de « honteuses » dans une enquête approfondie intitulée Les casernes de la honte par Michel Bouffioux.

Les événements de ce jour ont profondément choqué les parents des mineurs arrêtés et des collectifs comme le Front de Mères qui continuent de lutter contre le profilage ethnique et les violences policières infligées aux jeunes.